SOBRIQUETS ET SURNOMS à La MARTINIQUE (TI NOMS)
(Aude BAGOE)


Je dédie ce livre à mes « amis taquins » de l’époque, et à toute la population de « Case-Pilote » :

Georges FORDANT, Hector NELZI, Ernest SAINT-PRIX, Christian RICHARD, les frères SAUPHANOR, Marc LAURA, Félo LEGER, Victor VAILLANT, Henri et Michèle GERVINET, Rose ROTARDIER, Ti MAZET, Victor et Géno VARSIER, les frères MONARD, Jean-Claude ZIEME, Andrée NECKER, Dédé DELUGE, Grégoire JOSET, Frantz BEROSE, Georges JALIER, Henri PAGES, Lucile « Man Amée », Mathurin INSOU et son frère, LAPLUME, Evariste, Babotte et Paul-Paulette, Robert DUFRENOT, Guytol CABOSTE, Louis, Jean-Baptiste et Dary, Amélie ROULE, Léonce et Alexandre ORVILLE, Idora, Audy et Tatave THERESINE,Guy-Albert et Robert SAROTTE, Ti Paul REGIS, Bernadette CARDA, Ti Paul REGIS, Marie-Roger SURENA, Bernadette,Auguste ARMET, Jean BERT, Esnar CABOSTE, Claude JULIANS, Germain et Léo NELZY, Emmanuel CHARD, Xavier ORVILLE, Maurice CABOSTE, Saintange, Willy, Bétius, Justinien RAUMEL, Jacques JANVION, Raymonde BEAUBRUN, Joby JANVION, Titine et Frédo TALAMA-NELSON, Gaston CELIMENE, Moye CHALONO, Léonel et Robert, Maurice et Camille MONNERVILLE, Les frères SYLPHIE, André et Théodore DONVAL, Maurice JALLIER, Augustin BONBOIS, Ti Léo ORVILLE, Saint-Juste, Béatrice, Roro SEVERE, Ernest PIERSON, j’en oublie quelques uns, qu’ils veuillent bien m’en excuser.




Après l’abolition de l’esclavage et dès l’instauration de l’ "Etat civil ", le patronyme devait être précédé de deux prénoms, l’un dit « usuel » et l’autre dit de « baptême ».

Les premiers parents venus déclarer leurs nouveaux nés estimaient qu’il fallait ajouter un troisième prénom qui serait celui qui protégerait leur progéniture contre le maléfice. Ce troisième prénom protecteur ne sera pas inscrit au bulletin de naissance, mais serait malgré tout attribué au nouveau né.

Cela donnait : Jean, Claude, Christian surnommé Alain ou Jacqueline, Eléonore surnommée Gisèle. Assez rapidement, les parents choisissent les prénoms du jour, inscrits au calendrier.
C’est ainsi que furent prénommés des : Fet Nat – Férié – Assomption, etc.

C’était ne pas compter sur l’humour antillais avec l’arrivée des sobriquets.

Balzac disait que «jadis les gens du peuple n’étaient connus que par un sobriquet tiré de leur profession ou de leur pays ».

Aux Antilles-Guyane, le sobriquet est toujours moqueur. Il émane d’une image physique, d’un comportement grotesque, d’un mot répété etc.

Cela donnait : « Tête daurade » - Tête chouval » - Gros talon » - « Fesse concombre » - « Ti patt » - « Crochi » - « Belle au loin » - « Gros boudin » - « Bazou Milet » - « Coucoune mab ‘» - « Machand’ bonda » - « Femm’a soldat » - « Languette tôtie ».

Nombre de femmes et d’hommes ont été enterrés sans que leur mort soit connu, car souvent désignés par leurs sobriquets.
C’est ainsi que dans les « avis de décès », les sobriquets sont annoncés. Les noms ne sont connus qu’au moment des veillées, d’autres encore dans la rue ou dans les histoires racontées ça et là.

L’agriculture et la pêche ont toujours été les poumons de « Case-Pilote ». La commune comptait environ cinq boulangerie et plusieurs épiceries pour nourrir une importante jeunesse qui affichait beaucoup d’humour et de moquerie. Chaque habitant est affublé d’un sobriquet cinglant. La place publique est le passage obligatoire de ceux qui reviennent de la mer ou de la campagne. Les premiers chahuts fusent de-ci de-là, et c’est la dérision… : « Yvonne de Carlo », « De Banville », « Aplomb », « Ti bête la », « T’ou mine » sont les premiers à en subir les consuéquences.

J’adorais passer mes vacances dans cet adorable petit village de pêcheurs qu’était « Case Pilote ». Nous étions nombreux à nous réunir sur cette sympathique place en terre battue. Il est vrai que nous étions méchants, mais cela nous amusait ! Et, lorsque l’un d’entre nous était « coincé » par celui dont nous nous moquions, croyant nous faire pardonner, nous ajoutions « Monsieur » au sobriquet, ce qui n’arrangeait absolument rien !J’en veux pour preuve cette anecdote :
A son retour de la guerre de 1939-1945, un Pilotin s’était tellement vanter de son séjour à « Casablanca », qu’il avait été surnommé « Casa ». Mon père me charge d’aller transmettre un message à ce « Monsieur Casa », me recommande surtout de ne pas oublier de dire « Bonjour », et comme tout enfant bien éduqué, je m’empresse de dire bonjour sans oublier d’ajouter « Monsieur Casa ». Je n’ai pas eu le temps d’ajouter un mot de plus, et fus jeté aussitôt : « Ti bolomm » sôti ici a sacré mal élivé ». J’étais couvert de honte, de plus, j’appréhendais de me faire gronder par mon père, celui-ci, persuadé que j’avais manqué de politesse, raison pour laquelle ce Monsieur m’avait rejeté. Il décide donc de m’y accompagner et, à son tour mon père honteux de ma prétendue incorrection salut, lui semble-t-il, avec courtoisie ce prétendu « Monsieur Casa » qui explose : « Monsieur Bagoé, ou cé an maîte l’école et ou a dans bagage ta la aussi ». Sachez que je ne m’appelle pas « Casa », je suis « Monsieur Victor Saint Prix ». Papa se confond en excuses et nous repartons honteux.


. J’avais entre dix et douze ans lorsque je découvris ce qu’étaient l’humour et la moquerie. Ce qui m’a amené à relever pour vous quinze milles de ces sobriquets qui ne manquent pas de saveur, à vous d’en tirer conclusion.

« La Marine », « T’ou Mine », « Fèfèné », « Saint Yan », « Klouc », « on Gigot », « Querelle »,

« Apaloul », « Eroué », « Casa », «Maria Monthaise», «Yvonne de Carlo », «Ti bête la », « Cé Ping’ », « Piti bombe bè », « Lé Boule dogue », «Lonlon », « Gros Eugène », « Malouda », « De Banville », « Cann’Sou Majô », «Gros Farine », « Duc d’Aumale », « Brital dit Tatal », « Ilery Caraf », « Dady », « Vèvè », « Ti Nange », « Tchovin », « Tonka », « Lascaro », « Ti Milo », « Madiak », « Babôte », « Cartè », « Kaki », « Pululukuk », « Caca toute bête », « Adrienne Saxo »,

«Coco Gilot », « Mange Moune », « Grand Léonce », « Dady », « Gros Rate la », « Ti mâle », « Dolorès », « Vitesse », « Bouflanm’ », « Dodeinn’ », « Constantin Macaque », «Bouzou l’araignée », « Boutchett’ », « Albè apache », « Atomique », « Arrêté Féré », « François Nech », « Ti Milo bac ducos », « Casta », « Allemand a », « Aplomb », « Mâle rat’ », «Ti Zin », « Bec de lièvre », « Agrafe », « Paule-Paulette », « Crabela », «Zan’doli », « Master MX », « Pauline Mangousse », « Pitite », « Mondé », « Cro », « Don flè », « Dangloudan », « Toutoune », « Télex », « Cabrit bois », « Trédo », « Yver », « Sultise », « Féfé », « Dorante », « Jean-Bolo », « Arnoux », « Pa diè belle », « Tata », « Dorwil », « Sincère », « Brunette », « Elenize », « Firmène », « Falathy », « Gros ventre », « Gentillette », « Ephen », « Acine », « Man Sainte Croix », « Lélé », « Tête Milet », « Vié Fiya », «L’homme courage », « Jean ti boudin », « Pipo », « Django le gros », « Manman doudou », « Jean grand chine », « Appolinaire », « Man Po », « Vespasien », « Sopico chabin », « Chelo », « Many », « Couli », « Piti , » « Laclé », « Béf’la », « Norvé », « Bush », « Godo », « Delpi », « Tarzan », « Couli », « Aïné », « Médée », « Lucanil », « Pipine », « Litho », « Aty », « Arafat », « Fafane », « Excellent », « Nônôtte », « Djoul », « Atoufi », « Man Tata », « Nounoune », « Renoga », « L’ami Géno », Ninotte », «« Dôdôr », «Ti rasta », « Nini », « Lusné », « Omerlise », « Mafi », « Mèmène », « Louis Théga », « Yolin », « Man Nini », « Ti Rodrigue », « Ké baille », « Popo », « Danino », « Cigras », « Mann », « Coulie », « Dézodè », « Toussine », « Ti Coucoune », « Commando », « Beaufrè », « Révénus », « Dents chouval », « Chivé gex », « Miche », « Pajo », « Ti chapeau », « Mimise », « Manman cochon », « Vacabonne », « Yche-la », « Rate en caille », « Tumorfé », « Elastic », « Sadam Hussein », « Doctè tout’ mal », « Reprochè », « Irmalou », « Ti chofè », « Maclouclou », « Grand zong’ », « Crase Didier », « Révénus », « De Gaule », « Gentillette », « Sonita », « Julien Havre », « Irma laidron », « Chef d’orchest’ », « Dou manman », « La Mauny », « Man Pala », « Bleu blanc »,


Comme un complément à cet article, Aude BAGOE ajoute :

Noms patronymiques Martiniquais avec leur anagramme

C’est en parcourant l’annuaire téléphonique que j’ai relevé ces quelques noms que je vous communique ici :

BARROIS
BELNY
CLAIRE
COMPERE
COUCOUNE
CONSTANT
GABRIEL
FELIX
LAMA
LEFEBVRE
LEON
LUBIN
MACAIRE
MATHAR
MICHALON
MICHEL
NAPOLY
NARDAL
PAUL
SAINT LOUIS
SAINTE MARIE
TRINITE
ROSE
SIMON
DUBOIS
LAGRANGE
GOUJON
BODZA
LAUREAT
RAMIN
VALDOR
ROBINEL
LUCIEN
NOJIG
BARRIOS
BLENY – BYLNE
ERIALC
EREPMOC
CONCONNE
TANCONS
LERIGAB
LIXFE
MALA
LEFEBURE
NOEL
NIBUL
MACARIE
THAMAR
MICHANOL
HECMIL
NOPOLY
DARNAL
LUAP
LOUSSAINT
MARIE SAINTE
TENITRI
ESOR
NOMIS
SIOBUD
LARGANGE
JOUGON
ZOBDA
LAUZEAT
MARIN
DORVAL
RUBINEL
CINELU
JIGON
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