Déroulement d'un jour de fête patronale
par Edouard Glissant dans La lézarde


"Bientôt, les cloches de l'église annoncèrent sur un rythme de chant populaire la messe du saint patron de la ville. Messe solennelle, et pour une fois les hommes ne restèrent pas sur les marches de l'église à attendre femmes et enfants, ils entrèrent avec un air important , précédés du maire et de toute la municipalité.
table Le prêtre parla de ce saint qui était mort sur un gril et qui était le protecteur de la ville, puis une procession descendit sur la place on faisait semblant de ne pas voir les ajoupas, ni le cheval de bois (dont la musique s'appelle chouval bwa), ni le mât de cocagne, mais il y avait déjà les tables de serbi et de baccara avec les tabourets des propriétaires) et regagna l'église par la grande rue. Ensuite, on expédia rapidement la fin de la cérémonie, malgré les efforts du chanoine.
[--] Au sortir de l'église on entendait les battements de tambour du manège, des préludes sourds et prolongés. Mais il y eut encore la cérémonie au monument aux morts, et enfin l'apéritif à la mairie, tout cela n'était que faux-semblant, prétexte, même le repas (un festin en ce jour) ne serait pas aussi goûté qu'il aurait dû l'être. Il fallait s'occuper jusqu'à la tombée du soleil, jusqu'à ce moment où la nuit envelopperait les ajoupas, où on allumerait bougies et flambeaux, et où le tourbillon du manège serait accéléré par les ombres d'alentour."




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