COMMENT LES ESCLAVES ? (II)


Comment servaient-ils aux jeux des blancs ?

Les semailles du ciel, p94, Jean-Louis Cotte

Comment les punissait-on ?

      "J'accepte. J'accepte.
    et le nègre fustigé qui dit : "Pardon mon maître"
    et les vingt-neuf coups de fouet légal
    et le cachot des quatre pieds de haut
    et le carcan à branches
    et le jarret coupé à mon audace marronne
    et la fleur de lys qui flue du fer rouge sur le gras
    de mon épaule..."

Cahier d'un retour au pays natal, p114, Aimé Césaire

Comment apparaissaient-ils pour un blanc venant de la vallée de l'Hudson ?

      "Il y avait ici de la folie dans l'air, qui faisait passer les gens de la mollesse à la colère, de la langueur à la cruauté.
    A Madiana, sans doute, les Noirs étaient bien traités. Mais il aurait fallu se boucher les yeux et les oreilles, sur d'autres plantations, pour ne pas voir les cicatrices profondes laissées par le fouet sur les corps en haillons, les plaies refermées au jus de citron, et pour ne pas entendre les gémissements des suppliciés.
    - Un nègre me fait quinze ans : c'est tout ce que je lui demande.
    C'était un adage pour certains planteurs."

Tragédie créole, p97, Charles-Maurice Chenu

Comment devenaient-ils marrons ?

      "Il y eut des marrons dès qu'il y eut des esclaves ; le P. Dutertre et le P. Labat,dans leurs histoires des premiers établissements coloniaux, en parlent beaucoup. Le P. Dutertre cite dès 1639, une évasion d'esclaves assez conbidérable à Saint Christophe, pour inquiéter l'ile. Tous les inconvénients, tous les vices, tous les crimes de l'esclavage, sont co-existants avec sa création ; on les voit naître avec lui et se perpétuer à travers les atrocités légales ou illégales que commettent les maîtres pour les prévenir."

Esclavage et colonisation. p64, Victor Schoelcher

Comment faisait-on la chasse aux marrons ?

chasse aux marrons
Cette vieille gravure ne rappelle-t-elle pas celle dont se souvient dans le camp de concentration, la déportée Sidonie héroïne du roman L'ETOILE NOIRE de Michelle Maillet :
"On y voit un Noir évadé d'une plantation luttant dans une clairière de la forêt tropicale contre une meute de chiens, tous crocs dehors. Enjambant un tronc d'arbre, le maître blanc, fusil à la main, flanqué d'un sonneur de cor de chasse, poursuit le Nègre..."

      "Le Maître lâcha le molosse dès les premiers raziés. L'animal y plongea, sans aboyer, sans grogner. L'on entendit juste l'énergie incroyable de ses pattes qui martelaient l'humus et que le Maître suivait tranquille, sa pétarde à l'épaule. Après ? Pas vraiment d'après. On les avait vus redévirer très vite. Le jeune nègre en bobo, traîné au bout de la corde, le molosse attentif pesant à ses côtés. On avait vu de près ce que lui avaient fait les dents de l'animal."

L'ESCLAVE VIEIL HOMME ET LE MOLOSSE, Patrick Chamoiseau.

      On les chassait comme des bêtes, on les poursuivait, et si on arrivait à les retrouver, on les tuait.

QUESTIONS SUR L'HISTOIRE DE LA MARTINIQUE, Claude et Magdeleine Carbet et Gilbert de Chambertrand

Comment se révoltaient-ils ?

      "1665 - Une insurrection de 300 à 400 nègres a lieu sur différents points de l'île. Ils abandonnent les plantations pour se réfugier dans les mornes abruptes et sauvages où on ne peut les atteindre. La cause de cette désertion venait du désir de jouir de la liberté et de l'antipathie de la race noire pour le travail. Dispersés par bandes de 25 à 30 hommes, ils font des excursions pendant la nuit pour piller les propriétés et les incendier."

La Martinique depuis sa découverte jusqu'à nos jours. p52, Pardon

Comment devenaient-ils bourreaux ?

      "Les bourreaux étaient toujours des nègres condamnés à mort et auxquels on avait fait grâce, à condition qu'ils deviendraient exécuteurs. A ce propos, nous avons noté le cas intéressant d'un nègre qui, après avoir consenti à devenir bourreau préféra être exécuté. Il fit cette déclaration au moment où, ayant été conduit sur la place publique, il devait procéder à l'exécution d'un autre nègre : il fut condamné à être pendu et étranglé."

L'esclavage avant 1789, p 307, Lucien Peytraud.

Comment parlait-on d'eux avant le milieu du XVIIIe siècle ?

      "Avant le milieu du XVIIIe siècle, on chercherait en vain, dans toute la littérature française, la moindre critique.
    Rien. Pas une allusion.
    Invisible cette réalité-là l'est bien, alors même que dans la littérature en question, se multiplient les signes d'une curiosité pour les civilisations exotiques,
    [--] Jamais l'esclavage n'est, fût-ce en passant, regardé-encore moins dénoncé. C'est l'Indien libre qui suscite l'intérêt. Pas le Noir enchaîné."

Une histoire de l'esclavage (De l'Antiquité à nos jours), p 193 Christian Delacampagne.

Comment apparaissaient-ils aux yeux des colons martiniquais en 1789 ?

      "Car la mise en valeur du pays, la création de ces florissantes exploitations dont planteurs et négociants se disputaient les profits, n'avaient été possibles que par le moyen d'une main-d'oeuvre importée et utilisée par deux procédés barbare de la traite et de l'esclavage.
    Ces institutions d'Etat, verrues énormes d'une société qui s'estimait civilisée, étaient si profondément entrées dans les moeurs, elles étaient si intimement liées à l'existence même de la colonie, que les bénéficiaires du régime n'en avaient pour ainsi dire pas conscience."

La Révolution Française à la Martinique, p 18 Henry Lémery .

      "Nos esclaves sont notre propriété, nous ne l'avons point usurpée, mais bien acquise et sous la sanction des lois... Les affranchis sont des esclaves que nous avons rendus libres en leur donnant la liberté. Nous seuls avons pu fixer l'étendue de ce don.... "

Instructions de l'Assemblée Coloniale de la Martinique à leurs députés de l'Assemblèe Nationale , le 19 mars 1790. (rapportées dansl'Almananach de Brioude 2006 dans l'article LAFAYETTE, champion de l'émancipation des Noirs de Paul FONTANON

Comment parlait-on d'eux à la fin du XVIIIe siècle ?

MOI LIBRE






    Une gravure allégorique de 1794 proclame : "MOI LIBRE"





Esclaves et Négriers, p 105Jean Meyer


    "Comment faire face au triple danger dont Paris s'effraie : la sécession, la révolte, la mainmise des Anglais ? Le seul moyen pour garder ls Antilles - ce qu'il en reste - : armer les esclaves pour que, affranchis et citoyens, ils défendent sols et plantations de leurs corps de soldats zébrés par les cicatrices encore fraîches des morsures du fouet. Et ce fut - voir le site HERODOTE - le décret d'abolition de février 1794, corroborant le coup de force de Louverture en 1793. La soudaineté de la chose navre jusqu'à l'abbé Grégoire. Robespierre est ailleurs. Danton se félicite de la bonne farce faite aux Anglais, dont il annonce la fin du commerce."

1794 : Les arrière-pensées de la Convention française. (Luis Sala-Molins)LE COURRIER DE L'UNESCO (octobre 1994).

Comment allaient-ils en France ?

      "1754 - Défense aux colons rentrant en France d'amener avec eux plus d'un nègre et obligation de le ramener à leur retour, sous peine d'amende."

Trois siècles d'Histoire Antillaise, Martinique et Guadeloupe de 1635 à nos jours, p73, A. Martineau et L.Ph. May.

Comment étaient-ils promus?

      "La da appartient déjà au passé : c'était un type tout particulier tiré de l'esclavage, par sélection. C'est sans doute le seul produit de l'esclavage qu'on ne puisse pas regretter, - fleur étrange poussant parmi les sombres herbes touffues de ce sol amer."

Youma roman martiniquais, p6, Lafcadio Hearn

Comment les affranchissait-on ?

      "Parmi les motifs d'affranchissement, ceux qui provenaient du commerce illégitime des colons avec les femmes esclaves étaient les plus fréquents.Le gouvernement royal et le corps écclésiastique ne cessèrent de combattre cet état de choses ; rien n'y fit."

Histoire de la Guadeloupe sous l'ancien Régime (1635-1789), p315, Maurice Satineau

Comment leur condition fut-elle abolie ?

      "Le Gouvernement Provisoire de la République : considérant que l'esclavage est un attentat à la dignité humaine
    Qu'en détruisant le libre-arbitre de l'homme il supprime le principe naturel du droit et du devoir,
    Qu'il est une violation flagrante du dogme républicain LBERTE, EGALITE, FRATERNITE,
    Article 1er : l'esclavage sera aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret."

Projet du décret du 27 avril 1848 - voir le décret sur le site : site_manioc

Comment envisageaient-ils la liberté ?

      "La République de 1848 venait d'être proclamée, et la promesse de l'émancipation avait avait provoqué dans les esprits simplistes des nègres une fermentation d'idées fantastiques -, ils s'étaient mis à rêver de libres donations de plantations, et de richesses ; ils entrevoyaient un repos perpétuel gagné sans effort, une vie paradisiaque pour tous. Ils savaient pourtant ce qui résultait à l'ordinaire de la liberté accordée à certains d'entre eux pour des services exceptionnels ; ils étaient familiarisés avec la vie des classes libres ; mais ces exemples n'avaient guère de valeur pour eux, la liberté que leur donnait le béké ne ressemblait en rien à cette espèce particulière de liberté accordée par la République."

Youma, p 171,Lafcadio Hearn

Comment se libérèrent-ils ?

      "Ainsi le 22 mai 1848 le soulèvement général des esclaves martiniquais avait forcé le Gouverneur Rostoland à décréter l'abolition de l'esclavage avant même que ne soit connu en Martinique l'existence du décret du 27 avril."

Histoire de la Martinique de 1848 à 1939, Tome 2, p7, Armand Nicolas

Comment réagirent-ils après l'abolition ?

      "J'étais jeune, disait mon père, lorsque tous les nègres s'enfuirent des plantations, parce qu'on avait dit que l'esclavage était fini. Moi aussi, je gambadai de joie et je parcourus toute la Martinique en courant ; car depuis longtemps j'avais tant envie de fuir, de me sauver. Mais, quand je fus revenu de l'ivresse de ma libération, je dus constater que rien n'était changé pour moi ni pour mes compagnons de chaînes. Je n'avais pas retrouvé mes frères et soeurs, ni mon père, ni ma mère. Je restai comme tous les nègres de ce pays maudit : les békés gardaient la terre du pays et nous continuions à travailler pour eux. La loi interdisait de nous fouetter, mais elle ne les obligeait pas à nous payer comme il faut."

La rue cases-nègres, p60, Joseph Zobel

Comment se souvient-on d'eux le 23 mai 1998 ?

C'est le cent cinquantième anniversaire de l'abolition de l'esclavage en France (voir le document de l'INA).

Comment se souvient-on d'eux en 2006 ?


Glissant_centre
"Édouard Glissant s’est vu confier en janvier 2006 par Jacques Chirac, la lourde tâche de réfléchir à la mise en place d’un Centre national pour la mémoire des esclaves et de leurs abolitions."
C'est dans ce cadre qu'il écrit MÉMOIRES DES ESCLAVAVES, préfacé par Dominique de Villepin.


esclavage en 2006

Jacques Chirac a suivi la proposition du Comité pour la mémoire de l'esclavage, le 10 mai sera la date officielle de commémoration de l'esclavage en France métropolitaine.

      "Aucune date ne saurait concilier tous les points de vue. Mais ce qui compte, avant tout, c'est que cette journée existe".



Voir le setiment du candidat Nicolas Sarkosy dans une video sur YouTube


Comment se souvient-on d'eux le 10 mai 2006 ?

LISEZ LES JOURNAUX

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Comment était la commémoration du 10 mai en 2007 ?

Voir le document de RFO10mai2007

Comment raconte-t-on leur histoire en 2007 ?

Sur DOMactu du 15 octobre 2007 on peut lire : "Dans une directive très officielle datant d'avril 2007, il avait été demandé aux professeurs des écoles de l'hexagone de ne plus faire de l'esclavage une priorité dans l'enseignement des élèves.
Pourtant la loi Taubira prévoit de faire référence à la période esclavagiste et à la traite négrière.
Le plus étonnant, c'est que cette même circulaire avait aussi enlevé des priorité d'enseignement,la Shoah, l'extermination des juifs durant le seconde guerre mondiale.
Cette partie du programme scolaire concernant la Shoah vient d'être remise en avant depuis cette rentrée alors que celle qui concerne l'esclavage reste toujours non prioritaire au grand dan de la députée Guyanaise, Christiane Taubira qui écrit au ministère de l'éducation nationale afin de revoir les conditions de cette circulaire.

Comment fêtera-t-on le 160e anniversaire de l'abolition de l'esclavage en 2008 ?

Voir l'article "160e anniversaire de l'abolition de l'esclavage (1848-2008)" sur Grio
Le samedi 10 mai 2008, à Paris, voir Orange
Le journal L'humanité en fait sa une et vous lirez les articles :

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  • Le passé esclavagiste de la France sort de l'oubli (Rosa Moussaoui)

  • L'histoire de l'esclavage fait partie de l'histoire de nationale (Entretien avec Françoise Vergès, présidente du Comité pour la mémoire de l'esclavage.)

  • A la source du capitalisme (Jean-Paul PIEROT)

  • Tous les jours de mai (Edouard Glissant) : Voir sur le site www.humanite.fr

  • "Nous sommes héritiers de ceux qui ont mis fin à cette humanité." (Entretien avec Walles Kotra, directeur des programmes de france Ô, partenaire du hors-série de L'humanité consacré à l'esclavage.)

  • "L'identité du Noir commence par l'esclavage" (Entretien avec Lilian Thuram)

    Un traumatisme tellement présent" (sur Tropiques FM par Fernand Nouvet)



  • Lire sur le site www.gensdelacaraibe.org l'article "L'esclavage dans les manuels scolaires, une mesure existante depuis 2002 qu'ignorait Sarkozy."

    L'appel de SOS-RACISME
    10 mai 2009

    Comment les descendants d'esclaves doivent se souvenir ?

    precept

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