"Poème d’Aimé Césaire où l’on retrouve sous forme symbolique tous les éléments de la catastrophe du Maracaïbo, le 16 août 2005" (René Hénane)

	Inventaire des cayes (Moi, laminaire…)

beaux
       beaux
              Caraïbos
quelle volière
		quels oiseaux
cadavres de bêtes
		cadavres d’oiseaux
autour du marécage
		moins moins beau le marécage
		moins beau que le Maracaïbo
beaux beaux les piranhas
       			beaux beaux les stymphanos
quant à vous sifflez sifflez
(encore un mauvais coup d’Eshu)
			boca del Toro
			boca del Drago
chanson chanson de cage
adieu volière
			adieu oiseaux 
Ce poème a été envoyé et commenté par René Hénane :
"D’abord, Caraïbos, les Caraïbes d’où sont originaires les victimes martiniquaises. Ensuite, le lieu de la catastrophe, le Maracaïbo, est clairement mentionné, ainsi que le marécage dans lequel s’est écrasé l’avion. Notons l’évocation d’une volière et d’oiseaux qui, métaphoriquement, peuvent désigner l’avion qui contient des passagers comme la volière contient de oiseaux.
À cette volière et à ces oiseaux est associée l’image tragique de cadavres de bêtes, de cadavres d’oiseaux. Le poisson dévoreur de chair, poisson des rivières d’Amérique du Sud, le piranha, fait partie du tableau dramatique.
Notons aussi le mot stymphano, qui désigne métaphoriquement les oiseaux du lac Stymphale, oiseaux légendaires de la mythologie grecque, oiseaux au bec de métal qui tuaient les humais et qui furent vaincus par Hercule. Le mot stymphano désigne symboliquement l’oiseau de métal, l’avion qui a tué les passagers dans sa chute.
Notons aussi l’évocation du dieu Eshu, dieu cruel et malfaisant de la mythologie haïtienne qu’Aimé Césaire définit lui-même comme un dieu-diable-nègre. Eshu a présidé à la tragédie.
Notons aussi les mots boca del Toro (Archipel de Panama) et boca del Drago (Détroit de Trinidad et Tobago) qui, clairement, désignent la zone géographique de la catastrophe.
Enfin, notons le ton triste sur lequel s’achève le poème, la chanson d’adieu à la volière et aux oiseaux, c’est-à-dire, à l’avion et aux passagers.
N’est-ce pas de la voyance, n’est-ce pas une prophétie ? "


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